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Red Rocks - Colorado

Quand on passe deux mois dans une ville et une région super cools, il faut se faire à l'idée qu'on ne peut pas tout faire, ni être partout. Et il faut donc faire face à la frustration qui surgit quand on nous dit "vous avez fait ça ? Il faut vraiment le faire !". Car des choses qu'il "faut vraiment faire" dans le Colorado il y en a des centaines (je suis nulle pour estimer la quantité, par "centaines" je veux en fait dire beaucoup !). Mais le Red Rocks Park and Amphitheater est quelque-chose qu'on ne voulait pas voir figurer sur la liste des frustrations. On nous en avait tellement parlé, on nous avait même dit que, malgré les prix des billets, ça valait le coup d'aller voir un concert pas super génial juste pour l'expérience du "concert à Red Rocks". Et puis le Red Rocks Park n'est qu'à 20 minutes en voiture de Denver, et puis on peut y faire des petites randos, et puis le paysage a des airs de Grand Canyon qu'on ne connait que par notre imaginaire (alors que les Rocky Moutains, elles, ont des airs alpins un peu plus familiers pour la petite française que je suis), et puis et puis... et puis bref c'était vendu ! On s'est aussi dit que ça pouvait être quelque-chose de dépaysant pour ma petite famille qui allait nous rejoindre en août. Et oui, il fallait leur en mettre plein la vue ! On a donc jeté un œil à la programmation des concerts et on s'est dit que Jackson Browne pouvait être un bon choix. Avec un nom dont seule une lettre le sépare du brownie, on ne peut que s'attendre à quelque-chose d'agréable, non ?


Et voilà comment le 22 août nous nous sommes retrouvés tous les cinq en voiture en direction du Red Rocks Park en faisait d'abord un arrêt dans la petite ville de Morrison pour déjeuner. D'après les panneaux qui jalonnaient notre route, Morrison se trouve approximativement entre le Bear Creek Canyon (le canyon des ours) et le Dinosaur Ridge (le récif des dinosaures), de quoi faire rebrousser chemins aux plus frileux, mais vaillants comme nous sommes, nous avons poursuivi notre route. Et nous sommes arrivés dans cette charmante bourgade qu'est Morrison, avec sa rue principale bordées des restaurants, cafés, boutiques, son architecture traditionnelle américaine, sa petite rivière, sa petite église toute mignonne et ses montagnes tout autour. Morrison abrite aussi deux musées, très intéressants aux dires de mes guides touristiques mais, excusez-nous, nous avions des activités de plein air au programme ! La première activité de plein air à consisté à s'offrir un déjeuner en terrasse, à l'ombre d'une jolie vigne. Il fallait bien ça pour s'abriter de la chaleur et du climat un peu aride (le Grand Canyon je vous disais!). Ce fut l'occasion pour mes petits parents de découvrir qu'aux Etats-Unis, tenter de finir son verre d'eau, d'iced tea ou de soda est peine perdue puisqu'on viendra vous le remplir jusqu'à ce que vous aillez quitté le restaurant. Ils ont aussi pu goûter à l'enthousiasme débordant des serveurs, dû à la culture du "tip" (pourboire) peut-être, mais ça n'en est pas moins agréable, surtout que notre serveuse était vraiment sympathique.


Nous avons ensuite repris la route pour pénétrer dans le Red Rocks Park et sillonner ses routes bordées de pics rocheux de plus en plus volumineux, de plus en plus rouges et arides, mais quand-même coiffés ça et là de quelques arbustes et cactus. Nous nous sommes arrêtés au Trading Post avant de nous lancer sur le modeste (mais éprouvant par plus de 30 degrés) chemin de randonnée du même nom : le trading post trail. Le Trading Post et son south west spanish style abritent une petite galerie qui retrace les grandes figures qui se sont produites au Red Rocks Amphitheater et bien sûr un petit magasin de souvenirs où nous avons fait l'achat de quelques cartes postales et d'une jolie casquette, qui aura préservé la tête de Papa des généreux rayons du soleil qui nous attendaient sur le trail. Nous aurions pu nous lancer dans une rando plus audacieuse mais pour s'acclimater au temps du Colorado, celui-ci était parfait. Et cela nous a même laissé le temps de redescendre à Morrison pour boire des litres d'iced tea (que ce soient les distances ou l'iced tea, les Etats-Unis ont décidément un petit quelque-chose de l'ordre de l'infini) et commander des sandwichs d'avant concert.


Nous n'avons pas tardé à remonter en direction du Red Rocks Amphitheater où la circulation, le parking et l'attente des spectateurs étaient, sans surprise, parfaitement et calmement organisés. D'ailleurs, pas de rush pour les spectateurs qui, même s'ils sont venus tôt, prennent le temps de s'adonner à une chose bien américaine : le tail gate. Ce qui consiste, avant un match par exemple, ou à l'occasion d'un événement en extérieur, d'improviser un pique-nique à l'arrière de la voiture (originellement on abaisse l'aillon arrière du pick-up et on en fait un buffet, tadaaam!). Improviser n'est en fait peut-être pas le bon terme car, faut-il le rappeler, la voiture est un peu une deuxième maison aux US, alors on ne rigole pas avec le confort. Et même si le pique-nique est bref on n'hésite pas à apporter chaises de camping, tables pliables, jeux en bois, et à faire chanter Jackson Browne sur l'autoradio pour se sentir, entre amis ou en famille, comme à la maison. Et ça je peux vous dire que ça a bien épaté la petite famille !


Nous avons ensuite entamé l'ascension de la rampe qui mène au légendaire amphithéâtre. Comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous, il s'agit à l'origine d'un amphithéâtre naturel taillé dans la roche. Il a été redessiné et sculpté par l'architecte Burnham Hoyt et est depuis 1928 la propriété de Denver. L'amphithéâtre peut accueillir un peu plus de 9000 personnes et depuis son ouverture officielle, les red rocks ont vibré aux sons des Beattles, de Jimi Hendrix, Santana, U2, Neil Young (because I'm still in love with you, i want to see you dance again... lalala...), Bjork, Bob Dylan, Depeche Mode, Daft Punk et plus récemment Alt J (qui y ont d'ailleurs enregistré un live cette année) et bien sûr Jackson Browne dont c'était la deuxième visite.


Et comme tous mes paragraphes commencent par "nous avons", je dirais que nous avons ensuite gravi les marches pour aller nous installer dans les gradins hauts, c'est à dire après le fils jaune qui délimite les places numérotées (chères) des "general admission" (moins chères) qui répondent à la règle de premiers arrivés, premiers servis. Mais pas de rush pour autant, chacun s'installe calmement dans une atmosphère joviale et bon enfant. Petit à petit et une fois le petit siège de camping installé sur le gradin (oui oui, le confort vous disais-je!) les spectateurs vont tranquillement chercher le ravitaillement en boisson et nourriture au sommet des gradins où de grands stand de barbecue sont installés. Les gens se prennent en photo dans ce lieu qui, quand même, a sacrément de la gueule, et chacun propose à ses voisins inconnus de les prendre en photo pour que personne ne manque sur la photo de groupe. Prétendez faire une selfie de groupe et vous pouvez être sûr que quelqu'un viendra vous proposer de vous prendre en photo. Et pas juste un cliché comme ça à la volée, non non, trois ou quatre photos en portrait puis en paysage pour être sûr qu'on y trouve notre content. C'est ainsi que nous avons obtenu une jolie photo de nous cinq avant le concert. Et puis à l'écoute de notre petit accent manifeste, notre photographe nous demande d'où nous venons et ainsi de suite sans nous lâcher les bottes. Je plaisante bien sûr, mais cette amicalité (il existe ce mot ? Sinon c'est pas grave, je viens de le créer) chaleureuse et bien du coin (et du sud-ouest des US à ce qu'on dit) a bien plu à la petite famille aussi.


Le concert commence à l'heure (les américains sont ponctuels, sachez-le) mais sans vraiment prévenir, oh bah tiens c'est Jackson qui vient de s’asseoir au piano, on ne l'a même pas encore acclamé ! Et même si les spectateurs sont à fond dans le concert, chantent et dansent, il n'est pas rare d'en voir passer dans les rangs les bras plein de pop corn, de retour du lieu de ravitaillement. On papote et on continue de faire des selfies dans les rangs à mesure que la nuit tombe, que la ville de Denver à l'horizon s'illumine et que les roches s'enjolivent de couleurs, grâce aux projecteurs.


Notre ami Jackson (je me permets, il a tellement l'air sympa!) a joué plein de chansons que je ne connaissais pas mais le concert était gentiment plaisant et le cadre assez époustouflant. Ils ont quand même joué quelques unes de mes préférées (enfin disons celles que mes oreilles avaient retenues quand j'avais écouté les greatest hits de Jackson Browne pour me préparer pour le concert). A savoir :

Il n'a même pas interprété Stay mais bon avec les paroles "stay, just a little bit longer" j'aurais sans doute lâché la larmichette... (bien que la chanson parle de la fin d'un concert et non pas d'une histoire d'amour romantique comme je me l'étais imaginé à la première écoute). M'enfin, je ne lui en ai pas voulu à Jackson (contrairement à notre voisine de rangée d'ailleurs), il nous a quand-même offert une bien jolie soirée. Le départ de l'amphithéâtre s'est fait comme l'arrivée, dans le calme. Avec plus de 9000 personnes qui quittent l'amphithéâtre au même moment pour rejoindre leur voiture, cela aurait pu être bien plus chaotique. Et comme ces plus de 9000 personnes sont toutes venues en voiture, il faudra être patients pour regagner l'autoroute. Mais les phares des voitures qui se suivent au ralenti formaient une jolie danse lumineuse sur les routes serpentines qui nous ramenaient doucement, et dans l'air à peine rafraîchi de cette nuit d'été, à la réalité.


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