Happy, fut mon premier Thanksgiving
- givemeamile
- 28 nov. 2014
- 6 min de lecture
Le 29/11/2014| Article n°14 | 3 commentaires | Laisser un commentaire
Comme tous les quatrièmes jeudis du mois de novembre de chaque année, les Etats-Unis ont célébré ce 27 novembre, Thanksgiving! Vous connaissez désormais mon investissement dans les festivités américaines, je me suis donc donnée à fond, et je ne pourrais pas ne pas en rédiger un petit billet sur ce blog.
La grande histoire...
Vous le savez peut-être, depuis un petit bout de temps France Inter diffuse un programme intitulé "Si l'Amérique m'était contée", en plusieurs saisons et épisodes. Et l'un des derniers épisodes a été consacré à Thanksgiving. Vous pouvez écouter l'émission en podcast ici, en tout cas j'ai trouvé les dires de André Kaspi, historien spécialiste des Etats-Unis, passionnants et fort bénéfiques dans l'approfondissement de ce que j'avais pu aborder chaque année en classe d'anglais à l'école...
Pour la grande histoire, donc, les origines de cette fête nationale américaine remonte à l'année 1620, lorsqu'une centaine de pellerins anglais quittent le port du Plymouth en Anglettere à bord du navire Mayflower pour rejoindre le continent américain. Au début des années 1600, le protestantisme s'est développé en Angleterre sous différentes doctrines : le luthéranisme, le calvinisme ou encore l'anglicanisme qui est alors la religion officielle du pays. Certains protestants séparatistes refusent de s'y soumettre et partent s'installer en Hollande. Mais craignant une probable négociation entre la Hollande et l'Espagne catholique, qui les mettrait en difficulté, 35 pellerins décident de partir pour ce nouveau continent: l'Amérique, à bord de ce navire avec d'autres aventuriers désireux d'un nouveau monde. Le voyage dure 66 jours, et quelques jours avant d'accoster, les passagers du Mayflower signent un pacte afin de gérer de manière démocratique la suite de cette aventure et la colonie qu'ils s'apprêtent à fonder, alors qu'une tempête les mène plus au nord de leur destination initiale. A leur arrivée à la fin du mois de novembre 1620, à hauteur de l'actuelle ville de Boston, l'hiver est rude et les pellerins ne savent pas comment survivre sur ce nouveau territoire. La moitié des pellerins meurent pendant les semaines qui suivent leur arrivée. Des indiens de la tribu des Iroquois vivant sur cette terre inapprivoisables pour ces nouveaux venus vont alors leur apporter leur aide et leur apprendre à chasser et cultiver ces plantes inconnues.
Un an plus tard, le gouverneur de cette nouvelle colonie décide d'organiser, afin de célébrer leur première moisson réussie, trois jours d'actions de grâce, que l'on traduira en anglais par... Thanksgiving! J'étais persuadée de connaitre la suite de l'histoire mais j'ai été surprise de découvrir que ces "actions de grâce", ou remerciement, n'étaient pas directement en faveur des Indiens, comme je le pensais naïvement, mais en direction de Dieu ! Et oui on remercia d'abord Dieu de leur avoir permis de survivre, grâce à l'aide des Indiens, certes, qui ont été conviés à ces trois jours de grâce. Ironie de l'histoire, et au grand desespoir de ma soeur et de ses obsessives préoccupations culinaires, on ne sait pas réellement ce que ces gros fêtards ont mangé lors du premier Thanksgiving, du maïs assurément, mais de la dinde ? Rien n'est moins sûr...
Plus d'un siècle plus tard, le premier président des Etats-Unis George Washington décrète en 1789 qu'il y aura un jour officiel de Thanksgiving, dans le but d'unifier ce tout nouvel Etat créé alors qu'il n'existe pas encore de sentiment national. C'est ensuite le Président Lincoln qui, pendant la guerre de secession décide que Thanksgiving sera une fête nationale. Et enfin Roosevelt quant à lui décrètera que le jour de Thanksgiving sera un jour ferié pour les américains.
On fête alors depuis cette date Thanksgiving à l'occasion d'un long week-end de quatre jours qui offre aux américains le temps de parcourir de nombreux miles pour rejoindre leur famille (les longues distances vous disais-je...). Car aujourd'hui Thanksgiving a perdu son aspect religieux et est avant tout une célébration familiale autour d'un énorme repas. Le jour suivant Thanksgiving, et cela découlant de la politique de relance de l'économie de Roosevelt, les magasins ouvrent à partir de 5h du matin le vendredi et offrent des soldes incroyables. C'est le Black Friday. Que certains de mes nouveaux amis facebook ont appelé à boycotter sur la toile. André Kaspin finira d'ailleurs l'entretien sur France Inter avec ces mots: "Thanksgiving est à la fois le rappel des origines des Etats-Unis mais aussi quelque-chose qui va au fond même de la mentalité des Etats-Unis, il faut en tirer profit avec toutes les marchandises qu'on peut trouver dans les magasins." Je n'irai certainement pas le contredire mais je trouve triste de finir là dessus, car c'est certainement ce que certains petits français à la critique facile retiendront de l'autre côté de l'Atlantique. Mais c'est bien tout autre chose que je retiendrai moi, de mon tout premier Thanksgiving...
La petite histoire...
...chez Tonton Mark.
Nick et moi avons été invités chez Tonton Mark pour fêter Tahnksgiving. Les parents de Nick étant occupés à bien d'autres choses, comme pouponner une petite bouille-à-bise en Norvège par exemple. Tonton Mark c'est un vrai Tonton, il est super gentil, il a un grand coeur et un grand sens de l'humour! Et j'étais contente cette année de pouvoir comprendre la presque totalité de ses blagues. Il nous a donc reçu chez lui, dans sa chaleureuse maison perdue au fond d'un "forestueux" neighborhood, et avec sa petite famille: sa femme Jill, ses enfants Dalen et Joah, le copain de Dalen, Sean, et quelques animaux de compagnie. J'avais cuisiné et apporté pour l'occasion une quiche Lorraine et des crêpes pour le dessert avec de quoi décliner les saveurs à l'infini, ou presque: crêpe au sucre, crêpe beurre sucre, crêpe suzette, crêpe choco banane, crêpe à la confiture... bref!
Quand nous arrivons, les fourneaux sont en marche et la cuisine est bondée de plats qui mettent l'eau à la bouche. Il est 16h, Nick et moi avons pris le soin de bruncher raisonnablement le matin afin d'avoir une faim de loup pour ce festin qui combinera le déjeuner et le diner. Pour l'anecdote, j'avais demandé à Nicholas si je devais me mettre sur mon 31 ou juste quelque chose de "casual", ce à quoi il avait répondu : "hmmm, something confortable" [quelque-chose de confortable], sous entendu, facilement déboutonable... Et j'ai eu raison de suivre son conseil, il y a à manger en très grande quantité et plein de différents plats de type gratins ou hachi parmentier. Et au centre de la table, un joli petit nain de jardin aux couleurs de l'automne, les bras remplis de pumpkins. Avant de nous abandonner aux plaisirs des papilles, notre repas est introduit par une prière. Je suis habituellement plutôt mal à l'aise dans ces moments là, ne m'y retrouvant pas vraiment et n'étant pas fichue de savoir faire un signe de croix correctement. Mais, l'aspect religieux mis de côté, j'ai été touchée par ce moment de communion pendant lequel tout le monde fut attentif aux mots de Tonton Mark, disant être content de ma présence et commémorant le décès du grand-père il y a tout juste un an. Nous avons ensuite rempli nos assiettes, et j'ai bien sûr gouté à tout : la dinde bien sûr, un gratin de riz au brocoli, du maïs à la crème de fromage, du hachi parmentier, de la purée de patate douce aux noix, de la purée de pommes de terre, des haricots verts, des muffins. Le tout avec un petit verre de vin rouge bien sûr. Et pour le dessert, une délicieuse peacan-cheese-cake-pie (tarte aux noix en mode cheese cake), une apple pie (tarte aux pommes), dont même la canelle n'a pas réussi à me faire y renoncer et les crêpes.
Mais nous n'avons pas fait que manger goulûment, ce fut avant tout pour moi un beau moment de convivialité avec des personnes d'une grande sincérité et générosité et avec lesquels je me suis sentie très à l'aise. J'ai l'impression de ne pas avoir pu les remercier assez pour cela d'ailleurs. Et comble de cette générosité, à la fin du repas Tonton Mark m'a dit qu'ils avaient acheté ce petit nain de jardin pour moi, se souvenant l'été dernier quand j'avais raconté que je les trouvais mignons et que ma maman m'en avait offert un à mon départ de la maison à mes 18 ans. Ca m'a vraiment beaucoup touché, et je lui cherche toujours un joli prénom. C'est le ventre bien plein que nous avons repris le chemin de notre appartement en fin de soirée, les bras plus chargés de nourriture qu'à notre arrivée. Car c'est aussi dans la tradition de cuisiner beaucoup et que chacun ramène de quoi prolonger le plaisir Thanksgiving pour la semaine à venir. Sur le chemin du retour nous avons pu contempler la frénésie des illuminations de Noël car Thanksgiving c'est aussi le moment où on commence à décorer pour la prochaine festivité...
Je vous laisse avec quelques photos et si vous en voulez davantage vous pouvez désormais vous rendre dans la toute nouvelle rubrique "PHOTOS" (plus en haut) et double-cliquez sur l'album "Thanksgiving Week-end".

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