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Empty streets but friendly people*

  • givemeamile
  • 3 déc. 2014
  • 5 min de lecture

Le 15/12/2014 | Article n°16 | 5 commentaires | Laisser un commentaire

*Des rues vides mais des gens sympathiques.



"Quand on arrive dans une ville, on voit des rues en perspective. Des suites de bâtiments vides de sens. Tout est inconnu, vierge. Voilà, plus tard on aura marché dans ces rues, on aura été au bout des perspectives, on aura connu ces bâtiments, on aura vécu des histoires avec des gens. Quand on aura vécu dans cette ville, cette rue on l’aura prise dix, vingt, mille fois. Au bout d’un temps cela vous appartient parce qu’on y a vécu."

Ah, la formule magique de Cédric Klapisch ! Je l'ai toujours trouvée terriblement vraie, et elle a toujours parfaitement collé à la peau de mes expériences de vi(ll)es. Et pourtant en arrivant ici et après quelques semaines j'avais l'étrange impression que la magie n'allait pas opérer de la sorte.


J'ai rapidement compris que le downtown de cette ville ultra jeune (Oklahoma City a fêté ses 125 ans il y a une semaine!) n'avait rien à voir avec des centres villes grouillants que j'avais pu connaitre. D'élégants et miroitants gratte-ciels, une architecture plutôt fascinante, des rues resserées (si je puis dire!), du beau mobilier urbain, des cafés, des restaurants, quelques boutiques, quelques espaces verts, des trottoirs larges, mais... terriblement vides. Centre-ville fantôme. Ce qu'il faut avoir en tête c'est que le Downtown, que nous pensons pouvoir comparer a nos centres ville n'est qu'un lieu de la ville parmi d'autres, mais il n'a rien d'un centre vers lequel les gens et les activités convergent. Et ce n'est pas non plus le foyer historique autour duquel la ville s'est développée au fil du temps. Le Downtown accueille principalement des bureaux, donc le week-end et apres 17h, il n'y a plus un rat. D'autant plus qu'Oklahoma City s'est developpée avec la culture des suburbs et l'usage de la voiture. Et il y a toutes les commodités nécéssaires autour de ces suburbs pour aller travailler, consommer, aller prier, se rendre à l'école... sans devoir passer par le Downtown.


Mes premières semaines donc, avant de commencer mon stage, je n'ai croisé... personne. Oh si, bien sûr, à l'intérieur des magasins, restaurants, mais je n'ai jamais partagé un bout de trottoir avec quelqu'un, jamais slalomé au milieu de la foule. Mais où sont les Oklahomans ? Bien sûr il y a des gens dans cette immense ville, mais ils sont dans leur maison, ou dans leur voiture, derrière leur vitre teintée le plus souvent, mais je n'ai jamais croisé leur regard, jamais partagé un petit bout d'espace public exterieur avec eux. Tout cela a rapidement créé chez moi un sentiment de solitude, de vide, de vertige aussi. Je pense qu'on s'approprie une vie dans une ville quand on y vit des choses avec des gens. Sinon on se sent toujours de passage, ou en position d'observateur, mais jamais de "VIVEUR". Et avoir conscience de la présence d'humains autour de moi dans des voitures ne suffisait pas a combler ce vide, vous savez c'est comme un métro parisien, la foule a beau remplir un wagon, elle ne comble jamais un sentiment de solitude. Car la rencontre n'a pas lieu. Et après coup je pense que mon choc culturel a été moins lié aux comportements, qu'à l'"usage" même de la ville. Et de ce fait à mon impression de ne jamais pouvoir entrer en connection avec ses habitants.


MAIS! Après le début de mon stage qui me permet de rencontrer pas mal de monde, je n'ai certes pas retrouvée une vie sociale comme celle que j'avais à Lille mais les choses se sont arrangées: j'ai rencontré l'autochtone! Ou plutôt LES autochtones. Et figurez-vous qu'ils sont d'une gentillesse incroyable! C'est là ou je voulais en venir. Au tout début, j'ai cru devoir me méfier de ces grands sourires et de tous ces superlatifs "amaaazing", "wahou, that's awesoooome", "thank youu sooooo much"! Mais ce n'est pas du fake, juste un usage abondant de superlatifs, grands sourires et éclats de rire! Et je me fiche pas mal de savoir jusqu'où cela est vraiment sincère, car finalement j'ai l'impression que mes interlocuteurs prêtent réellement attention et c'est toujours plus agréable d'échanger un sourire XXL qu'une moue à la française. En plus de leur politesse, les Oklahomans que j'ai rencontré sont généreux, en co-voiturage par exemple (je suis un ovnie ici, je n'ai pas ma propre voiture! Je partage celle de Nick ou me fait conduire...), en nourriture (mes collègues partagent largement leur repas le midi et leur tablette de chocolat l'après-midi, je me sens terriblement égoiste quand je ramène tout juste le nombre de crackers qu'il faut pour plonger dans ma soupe...). Les américains sont bien souvent assaillis de charmants reproches en termes d'individualité, de consumérisme égoiste mais les personnes que j'ai rencontré ici ont vraiment le coeur sur la main (je vous renvoie à mon article sur Thanksgiving!). Et ils paient gentiement mon repas quand je fais un restau basket involontaire...


Mon enquête sur les origines de cette sympathie est encore en cours mais j'ai eu quelques explications à droite et à gauche. Nick pense que cela pourrait venir de l'histoire de cet Etat. Lorsque les gens sont arrivés sur cette terre ils ont du s'entraider, demander de l'aide a leur voisin, et en être reconnaissants... L'explication de son papa c'est que cela viendrait directement des grands espaces. Quand les gens ont l'espace suffisant autour d'eux pour se sentir bien ils ont alors l'accueil facile. Il m'a dit: "Tu sais a New-York les gens n'ont pas envie de partager leur espace vital dans un métro ou sur un trottoir bondé, alors ils sont irrités et mal-aimables, ici quand tu sors de chez toi tu es content de rencontrer quelqu'un!". Tout cela tient debout, vous ne trouvez pas? Ou c'est peut-être tout simplement que de manière générale les bouseux sont des gens sympas! Just kidding...


Ici il y a aussi un sens des communautés qui est très fort, et j'en reparlerai très bientôt. Vous appartenez à telle ou telle communauté selon que vous vous rendez dans telle ou telle église le dimanche, selon que vous inscrivez vos enfants dans telle ou telle école, selon que vous appartenez à un milieu culturel ou non, selon que vos enfants jouent dans une équipe de Soccer ou non, ce qui créé de forts phénomènes de regroupement et d'inclusion. Mais certainement d'exclusion aussi, et Nick pourrait vous en parler, comment on fait quand on ne se sent pas à l'aise dans sa propre communauté? Bref, et cela peut aussi être une barriere de plus quand on arrive en étranger dans une ville.


Enfin voilà, j'avais vraiment envie de partager avec vous cette partie de l'aventure, cette gentillesse Oklahoman. Celle qui panse le choc culturel, rend mes journées quotidiennes ensoleillées même par temps gris ou tornadesque (on a eu une mini tornade hier!) et me déchirera le coeur lors du départ. Ma soeur arrive à Oklahoma City dans deux jours, j'ai hâte de lui faire découvrir mon monde et de recueillir ses impressions sur cette ville. Il y a une semaine je l'ai rejoint à New-York pour voir si les new-yorkais étaient fidèles à leur réputation de "rude people" et je dois dire que là encore j'ai été étonnée, ceux à qui j'ai demandé mon chemin dans le métro étaient plutot agréables. Mais ils n'avaient quand même pas ce petit truc du sud!


Et amusant fut ce sentiment de me sentir "de retour à la maison" lors de mon retour à Oklahoma City hier, quand trois mois auparavant j'étais encore perdue dans le chaos du choc culturel.

Photo: Même délire des rues désertes, en plein coeur de Tulsa, par un samedi matin ensoleillé.

Plus de photos dans la rubrique PHOTOS avec un album dédié aux rues désertes!

The one and only one

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