Strangers in Oklahoma...*

Le 28/12/2014 | Article n°19 | 2 Commentaires | Laisser un commentaire

*Des étrangères en Oklahoma

Après nos retrouvailles dans la Big Apple, Mimi&Pam ont passé deux jours à Disneyworld en Floride puis ont fini leur american trip par quelques jours à Oklahoma City. Ce fut l'occasion pour moi de leur faire découvrir ma vie ici, mon environnement, mes amis, mon chez moi, mes petites adresses et donc de leur faire goûter le plus authentiquement possible je l'espère, à la culture locale. Au delà du plaisir d'être de nouveau ensemble il y a cette impression réconfortante que l'océan n'est pas si grand et qu'il est finalement possible de connecter nos vies. Après mes premiers mois en Italie il y a plus de deux ans, j'avais eu cette désagréable impression de vivre quelque-chose de totalement déconnecté de ma "vraie vie", celle que je croyais être ma vie d'avant, on apprend ensuite que toutes ces petites vie sont tissables. Mais partager des épisodes de ces petites "vies de parenthèses" avec des gens qui nous sont chers est important. Et comme je sais qu'amarrer sa barque en Oklahoma a sa part d'exotisme, voire de boulversement, j'ai demandé à ma soeur adorée si elle voulait bien profiter d'un trajet de métro, ou autre moment d'inactivité imposé par le quotidien pour repenser à son voyage et rédiger un petit billet pour ce blog. Et pour ainsi vous offrir une autre paire de lunette dans laquelle regarder Oklahoma... merci Mimi!

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Le billet d'Emeline

"La visite d'Oklahoma dans notre petit trip américain n'était pas anodine, puisque l'interêt principal était de pouvoir revoir soeurette et découvrir concrètement comment se passe sa vie sur le sol américain. Je m'étais déjà fait une petite idée de la vie sur place grâce à ce blog et aux discussions qu'on avait pu avoir à distance. Cependant il est vrai que contrairement à New York qui est une ville assez "européenne", pas si dépaysante pour une parisienne (café, bar, musées accessibles à pieds ou en métro), la ville d'Oklahoma à de quoi nous immerger dans l'Amerique profonde, comme on dit.

Alors oui, il est vrai qu'aux Etats Unis les gens sont très gentils, le contact est facile et on peut facilement échanger quelques mots avec des inconnus, c'est très agréable, mais parfois ca pourrait presque en devenir fatiguant. Le sens du service y est très important dans les restaurants et les magasins, "Mais il a pas fini de me remplir mon verre en permanence celui là? J'arriverai jamais à le finir!". Et j'avoue que bizarrement, à mon retour en France j'étais contente de redevenir anonyme dans le métro, de pousser et de me faire pousser dans les rayons de la fnac ! Petites contradictions à la française !

Mais le plus déroutant effectivement c'est la grandeur de la ville et sa configuration, tous ces petits quartiers: on a l'impression qu'on a mis bout à bout les centres commerciaux des périphéries des villes françaises et qu'on y a niché, par-ci par là, quelques bars, restos ou musées. Du coup, la voiture est obligatoire et, pour une citadine adepte des transports en commun, voilà une caractéristique un peu frustante et qu'il faut prendre en compte. Pas de passage de bars en bars, on a toujours besoin d'un conducteur vaillant qui doit s'occuper de ramener ses camarades à la maison. Pas de "m'en fout je rentre en bus" ou "qu'à cela n'tienne je prendrai un taxi!" qui tiennent.

Et dernier point, à la différence d'en France où, pour ma part, le 25 décembre est arrivé un peu sans prévenir, là bas (autant à NYC, chez Mickey, qu'à OKC), l'esprit de Noël est beaucoup plus présent. Des décorations, des christmas lights partout en ville, certaines maisons sont ultra décorées. Et la radio des chansons de Noël (certainement pas plus d'une quinzaine de morceaux dans la playlist) est diffusée en boucle dans tous les magasins.

Sinon, d'un point de vue plus anecdotique:

- Je suis assez outrée des emballages de gateaux de petits dejeunés ou le biscuit est 2 à 5 fois plus gros en photo qu'en réalité.

- Un peu déroutée par une politique assez sévère au niveau des emplacements fumeurs dans des lieux publiques extérieurs, alors qu'il est autorisé de fumer dans certains bars.

- J'ai eu l'impression, que ce soit les "pompom girls", les chorales ou les groupes de rocks dans les bars, que tout parait beaucoup moins "amateur" qu'en France, que le petit groupe de musique du collège jouera de manière plus professionnelle (sans fausse note par exemple).

- Les voitures ont la boussolle intégrée au retroviseur et des sièges chauffants !

- Les américains mangent à tout heure de la journée et ça, ça me convient parfaitement ! Sauf le repas du soir qui est beaucoup trop tôt !!

- J'ai répondu "Yes french" quand on m'a demandé combien je voulais d'audioguide et "14 jours" quand on m'a demandé quel genre de nourriture j'avais dans ma valise !! Et ca m'a fait beaucoup rire !

Finalement, ca ne se sent peut-être pas au premier abord, mais j'ai vraiment apprecié ces deux semaines passées aux Etats Unis. J'ai pu découvrir quelques facettes de ce grand pays, les comparer avec ce que je connais en France, envier certaines choses ou à l'inverse en apprécier d'autres en revenant en France. Et je suis surtout très contente d'avoir vu ma soeur heureuse et épanouie dans son travail et sa vie sociale et amoureuse !

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Il y a quelques jours, j'ai demandé à ma soeur si elle se retrouvait dans mon dernier post sur New York City, elle m'a dit que oui. Et du coup, elle m'a demandé si je me retrouvais dans son généreux post que vous venez de lire sur Oklahoma City, et j'ai dit que oui. Mais en y réfléchissant un petit peu plus, ses impressions ressemblent plus à celles que je m'étais faites en arrivant il y a trois mois qu'à ma relation actuelle avec cette ville qui m'est désormais chère et apprivoisée. En allant visiter New York, nous partions toutes deux du même point de départ, c'est à dire de zéro. Mais quand vous recevez des amis ou de la famille pour quelques jours dans une vie nouvelle que vous avez construite quelque-part, il y aura toujours ce petit décalage et cette petite frustration de ne jamais parvenir à montrer ou faire ressentir vraiment "votre" ville telle que vous l'avez apprivoisée. J'ai eu cette même impression en faisant visiter Florence à Marie l'été dernier ou en recevant à plusieurs reprises Nicholas à Lille ces deux dernières années. Vous pouvez toujours leur montrer les endroits les plus authentiques, leur faire rencontrer vos amis "locaux", leur faire goûter vos plats préférés dans vos endroits préférés, il y aura toujours ce petit décalage qu'il faut savoir accepter. Savoir accepter qu'ils fassent leur premières expériences et donc savoir accepter leur esprit critique aussi. Et en fait, entendre les remarques positives et moins positives des filles sur Oklahoma City, m'a fait réaliser que ça ne devait pas être toujours facile pour Nicholas d'écouter mes nombreuses remarques sur sa ville natale durant mes premières semaines ici et durant le choc culturel.

Pour Noël, j'ai offert à mon amoureux (et donc, par effet de vie commune, à moi aussi...) le coffret complet de Jacques Tati avec tous ses films accompagnés de documentaires. Et dans l'un de ces docus, Jacques Tati dit, à propos de ses choix de réalisation et de la progression de la narration dans Playtime:

"J'ai remarqué que si vous arrivez au moment du dessert dans un diner de dix ou douze personnes, vous ne parvenez jamais, en dépit des efforts de tous, à vous mettre à l'unisson de la gaïté générale"

Proposé par Mimi: Riders on the Storm - The Doors

Photo: Les oreilles attentives face à l'autochtone [et plus de photos dans la rubrique PHOTOS]