L'arrivée..., le départ...
- givemeamile
- 3 juil. 2015
- 6 min de lecture
Le 03/07/2015 | Article n°31 | 0 commentaire | Laisser un commentaire
...du printemps, ...de la grenouille.
Aïe Aïe Aïe, je ne vais quand même pas clôturer ce blog sur le Mémorial d'Oklahoma City...
A partir du 1er avril, date du dernier jour de mon stage, j'étais certaine d'avoir le temps d'écrire un peu plus de choses ici. Et pourtant ce blog s'est trouvé plus que délaissé sur la fin. La faute au compte à rebours, et à la peur de rater une miette des dernières aventures et donc au refus de s'assoir devant l'ordi, quand bien même mon quotidien s'apparentait à celui d'une desperate housewife pour un mois (mon visa me permettait de rester trente jours sur le territoire après la date de fin de mon stage). Mais un quotidien de desperate housewife peut se trouver parfois plus rempli qu'on ne pourrait le croire, et être fait de cercles de tricot, de pose comme modèle pour les classes de Nick (en sous vêtements car l'Université ultra chrétienne refuse les poses nues, tout comme l'enseignement de la danse dans son département des arts vivants, j'dis ça, j'dis rien...), de lectures, de promenades, de sessions musicales irlando-folk-cajun avec Casey et Minna dans leur jardin, de recherche de travail sur place puis de manière réaliste en France, de voyage express à Dallas pour voir l'exposition de Michaël Borremans, d'un très agréable festival des arts sous le soleil du Downtown et avec des gens autour (j'vous juuure!).
Le printemps s'est tranquillement installé, ce qui signifie, pour le sud des Etats-Unis des températures que l'on qualifierait de caniculaires ici de nos jours. Le printemps en Oklahoma c'est aussi l'arrivée des tornades, deux sont passées au sud de la ville quand j'y étais et je dois avouer que je ne faisais pas la maligne quand le ciel a changé de couleur, que la tempête de grêle est arrivée, que le vent s'est levé et que belle maman nous a dit de mettre nos chaussures, au cas où... Mais pour le reste du temps ce fut un ciel bleu infini, comme d'habitude, un grand soleil, une herbe sèche et la floraison des nombreux arbres appelés Red Bud, symbole de l'Etat d'Oklahoma que l'on appelle en français Gainier du Canada. Nous avons aussi eu, de nouveau une belle secousse, mais qui n'a rien à voir avec la saison, mais beaucoup plus avec l'extraction intensive de gaz de schistes dans la région qui n'a jamais été une zone sismique (j'dis ça, j'dis rien!). Et puis la dernière semaine a pointé le bout de son nez, j'ai bien essayé de nier le compte à rebours, mais bizaremment, les étreintes ont pris du pouvoir, celui des "dernières avant les prochaines". Il y a eu les au-revoirs, sans artifices superflus mais avec de jolies attentions, l'effort que chacun a fait de se libérer pour un dernier verre dans mon bar préféré, et le buffet organisé par Leslie avec les artistes et élèves francophiles du Conservatory furent très touchants. J'vous disais... des gens accueillants qui ne prennent donc pas les au-revoirs à la légère.
Et paf, le 27 avril est arrivé, l'air de rien. OKC m'a servi son plus beau Thunder pour le trajet jusqu'à l'aéroport, ce qui n'a pas empêché de faire décoller mon avion bien (mal)heureusement. L'excitation du retour en France et l'idée de retrouver ma soeur et mes parents à l'aéroport de Paris a aidé à ne pas trop pleurer dans l'avion. D'ailleurs j'ai trouvé que la famille qui pleurait dans ma porte d'embarquement pour le départ d'un de leur fils était vraiment petite joueuse. C'est marrant quand même, comme on peut à la fois adorer et détester un aéroport. C'est dans la porte d'embarquement de l'aéroport d'Atlanta que j'ai commencé à reconnaitre des français et à ré-entendre ma langue natale, c'est fou comme elle dégageait quelque-chose de snob à mes oreilles ! C'est quand même les yeux un peu mouillés et le corps fatigué par les émotions que je me suis endormie comme un bébé pendant la traversée aérienne de l'océan. Et c'est les yeux mouillés et les émotions bien confuses que j'ai retrouvé ma petite famille à Paris.
Tout m'est apparu petit, étroit, à la capitale. Plus d'horizon (ah si en fait, la Beauce!), plus de couchés de soleil grandioses, et du bruit tout autour de moi. S'en est suivi le retour ressourçant à la campagne, où tout est à quelques détails près comme avant, très familier, comme si j'étais partie hier. Alors la même impression qu'au retour de l'Italie : les huit mois (et c'est pourtant long huit mois) m'ont échappé, où sont ils ? A part sur les photos et dans les souvenirs ? Le retour au calme et à la routine fait en réalité se lever la petite tempête intérieure, celle dont me parlait Nicolas (sans le H cette fois), la tempête du retour, le choc des réalités, il faut essayer de voir loin me disait-il, après la tempête justement. Et le voyage de Nicolas des Etats-Unis d'Est en Ouest, m'a fait un peut poursuivre mon aventure américaine par procuration, même si bien souvent, ses photos de paysages montagneux, désertiques et infinis me faisaient l'envier.
Enfin, je me sens moins bousculée qu'à mon retour de Florence. Il faut dire que cette fois je n'ai pas l'impression, si ce n'est en laissant Nick à l'aéroport, d'avoir laissé une partie de moi sur le continent américain. Je crois bien être rentrée entière. La botte italienne, elle, s'était accaparée de moi, si ce n'est agrippée à mes trippes. Et je ne pense pas que ce soit parce-que je n'ai passé "que" huit mois à Oklahoma City, contre onze à Florence. L'explication est certainement ailleurs. Quelques temps avant mon départ de la capitale de la Toscane, mon cher coloc Luigi aimait me consoler en me disant que mon âme allait rester après mon départ et que mes énergies allaient continuer d'errer dans cet appartement et dans cette ville. Une bien belle idée. Mais il est vrai que je m'étais frottée aux murs de cette ville, penchée sur les rives de son fleuve, faufillée entre passants, vélos, vespa, et carioles à touristes, j'avais foulé le pavé irrégulier, j'étais descendue du trottoir pour pouvoir croiser d'autres badauds, tout en évitant le passage d'un bus à toute berzingue, m'étais assise sur les bancs frais à l'ombre, bref j'avais bien dû laisser quelques plumes et voire un bout d'âme un peu partout.
Oklahoma City, je l'ai davantage vue depuis la vitre de la voiture (non pas parce-que les américains sont des gros fainéants mais parce-que la ville est immense, et a été construite à l'échelle de la voiture, mais ça même si je vous l'ai déjà dit mille fois, vous ne le comprendrez qu'en vous y rendant). Comme si la ville appartenait toujours à l'horizon, et faut-il le rappeler, l'horizon on ne le rejoint jamais. J'avais beau me trouver au pied des gratte-ciels, j'ai toujours eu l'impression de ne jamais atteindre la ville, "ville" au sens où je l'ai toujours entendu jusqu'à la découverte plus approndie des States. Alors si les photos d'OKC me rappellent quand même, bien sûr, de jolis souvenirs et me pincent un peu le coeur, elles ne me chamboulent pas et ne me tirent pas les larmes. Ca ne veut pas dire qu'il a été facile de partir car il y a tous ces gens, qui certes ne se pavannent jamais sur les trottoirs, mais qui ont été si accueillants, sympathiques, au naturel, plein d'humour, d'autodérision aussi, de générosité... mais je ne vais pas refaire l'article sur les rues vides et les gens sympathiques.
Tout ça pour dire que, deux mois après mon retour en France, je n'ai pas la Oklahomacitystalgie. Bien sûr, écouter ou lire de l'anglais me procure un sentiment chaleureux, familier, apaisant comme le souvenir d'un chez-soi rassurant laissé quelque-part. M'enfin pour l'instant je suis bien dans ma petite France avec ses grévistes et ses fromages. Et si je ne tire pas un trait sur une autre vie future à l'étranger au milieu de gratte-ciels (mais alors avec plein de gens qui grouillent à leurs pieds cette fois-ci) et d'accents, quel qu'ils soient, c'est bien en France que je vais me poser à nouveau pour un temps. Et si tout se passe comme prévu, la rentrée se fera de nouveau vers l'Ouest mais beaucoup moins Far West cette fois, puisque les galettes et le caramel au beurre salé de Bretagne semblent m'y attendre. Et le master d'enseignement du FLE (Français Langue Etrangère) que je vais suivre à distance et en parallèle sera mon petit bonus caché, ou une nouvelle corde à mon arc pour me sentir peut-être étrangère à nouveau un de ces jours.
Musique : Walk on by - Dionne Warwick
Photo: Downtown vu depuis le Farmer Market (lieu de l'exposition Momentum)
Et plus de photos dans la rubrique PHOTOS, bien entendu.

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